Un cas d’athéisme spirituel aux Pays-Bas espagnols: les Dix Lamentations de Jérôme Gratien (1611)

L’athéisme spirituel, tel que le carme Jérôme Gratien de la Mère de Dieu le décrit dans sa cinquième Lamentation, est une attaque de l’orthodoxie thérésienne qu’il incarne à Bruxelles pour la défendre des mouvements spirituels desquels il est nécessaire de se démarquer, comme les alumbrados, au mome...

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Published in:Littératures classiques
Main Author: Houdard, Sophie (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
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Published: Presses Universitaires du Midi, PUM [2017]
In: Littératures classiques
Online Access: Volltext (Verlag)
Description
Summary:L’athéisme spirituel, tel que le carme Jérôme Gratien de la Mère de Dieu le décrit dans sa cinquième Lamentation, est une attaque de l’orthodoxie thérésienne qu’il incarne à Bruxelles pour la défendre des mouvements spirituels desquels il est nécessaire de se démarquer, comme les alumbrados, au moment où les condamnations empêchent le développement de toute forme de spiritualité alternative au catholicisme tel que le concile de Trente le définit. Gratien règle ainsi des comptes avec les capucins français qui, sous l’égide de Benoît de Canfield, se recommandent d’une spiritualité abstraite ou essentialiste qui « contamine » l’orthodoxie thérésienne du tout nouveau Carmel français. La bataille entre les diverses spiritualités montre comment l’athéisme est un terme relatif, elle montre aussi comment les tendances mystiques se heurtent à l’orthodoxie de la Contre-Réforme, qui croit reconnaître chez ceux que Gratien nomme de manière péjorative les « perfectistes », la perfection condamnée chez les béguines et les tenants du Libre Esprit, en particulier la divinisation de l’homme. En faisant des spirituels essentialistes des athées, le carme Jérôme Gratien laisse émerger des conséquences radicales que les capucins ne peuvent ni ne veulent assumer ; ce faisant il permet de voir dans la mystique des tendances anti-institutionnelles fortes et des origines doctrinales hétérodoxes publiquement inacceptables pour les spirituels, au moment où se renforcent la dogmatique et l’intransigeance du catholicisme de la Contre-Réforme.
Spiritual atheism, as defined by the Carmelite Jerónimo Gracián in his fifth Lamentation, is an attack on the Theresian orthodoxy that he embodies in Brussels in order to defend her from those spiritual movements from which it is necessary to distance oneself, such as the Alumbrados. This is particularly true at a moment when condemnations obstruct the development of any form of spirituality that differs from Catholicism as defined by the Council of Trent. Gracián thus settles accounts with the French Capuchins which, under the protection of Benedict of Canfield, promote an abstract or essentialist form of spirituality that “contaminates” the Theresian orthodoxy of the brand new French Carmelites. The struggle between these different forms of spirituality shows how atheism is a relative term; it also shows how these mystical tendencies are brought against Counter-Reformation orthodoxy, that seems to see in those that Gracián designates in a pejorative manner the “perfectists”, the perfection sought by the Beguines and the supporters of the Free Spirit, especially as regards the divinisation of Man. In treating the essentialist spirituals as atheists, the Carmelite Jerónimo Gracián de la Madre de Dios, brings to light radical consequences that the Capuchins cannot or will not acknowledge. In so doing he enables us to see in mystical thought strong anti-institutional tendencies as well as the origins of doctrinal heterodoxy that are publicly unacceptable for the spirituals at a moment when the dogmatism and intransigence of Counter-Reformation Catholicism becomes all the more stronger.
ISSN:2260-8478
Contains:Enthalten in: Littératures classiques