Le judaïsme, contours et limites de la reconnaissance

Depuis 1905, le consistoire créé par Napoléon a, en droit, cessé d'exister. Cependant l'appellation a été conservée pour désigner l'association cultuelle qui l'a remplacé, la seule instance habilitée - jusqu'à la Seconde Guerre mondiale -, sinon reconnue, à assurer la représ...

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Main Author: Azria, Régine (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
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Published: Ed. de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales 2005
In: Archives de sciences sociales des religions
Year: 2005, Volume: 129, Pages: 135-150
Online Access: Presumably Free Access
Volltext (lizenzpflichtig)
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Description
Summary:Depuis 1905, le consistoire créé par Napoléon a, en droit, cessé d'exister. Cependant l'appellation a été conservée pour désigner l'association cultuelle qui l'a remplacé, la seule instance habilitée - jusqu'à la Seconde Guerre mondiale -, sinon reconnue, à assurer la représentation des juifs. Car malgré la Séparation, l'État a toujours estimé nécessaire de pouvoir disposer d'interlocuteurs habilités à s'exprimer au nom de leurs coreligionnaires. Le cours ultérieur de l'histoire a démontré cependant que les juifs ne pouvaient se laisser enfermer dans une définition cultuelle et confessionnelle, d'autant moins qu'un nombre grandissant d'entre eux cessait de se reconnaître dans l'institution consistoriale et que le paysage juif français s'était notoirement complexifié, suite à l'immigration, au judéocide, à la persistance, voire au retour de l'antisémitisme, à la création de l'État d'Israël. D'où les contradictions et les paradoxes de la situation ainsi créée, d'où l'élargissement bien au-delà de la sphère confessionnelle des limites de « la reconnaissance implicite » par grignotages successifs. Outre les défis qu'elles adressent à la laïcité, ces évolutions invitent à remettre sur le métier la question de la définition du fait juif en France...
Les juifs se trouvent déjà bien à l'étroit dans le concept de religion, tel que le pouvoir politique et le législateur, pour lesquels le catholicisme sert de modèle-étalon du religieux, l'entendent à la veille de la Séparation, lorsqu'il est question de reconnaissance.Les juifs se trouvent déjà bien à l'étroit dans le concept de religion, tel que le pouvoir politique et le législateur, pour lesquels le catholicisme sert de modèle-étalon du religieux, l'entendent à la veille de la Séparation, lorsqu'il est question de reconnaissance. Depuis 1905, le consistoire créé par Napoléon a, en droit, cessé d'exister. Cependant l'appellation a été conservée pour désigner l'association cultuelle qui l'a remplacé, la seule instance habilitée - jusqu'à la Seconde Guerre mondiale -, sinon reconnue, à assurer la représentation des juifs. Car malgré la Séparation, l'État a toujours estimé nécessaire de pouvoir disposer d'interlocuteurs habilités à s'exprimer au nom de leurs coreligionnaires. Le cours ultérieur de l'histoire a démontré cependant que les juifs ne pouvaient se laisser enfermer dans une définition cultuelle et confessionnelle, d'autant moins qu'un nombre grandissant d'entre eux cessait de se reconnaître dans l'institution consistoriale et que le paysage juif français s'était notoirement complexifié, suite à l'immigration, au judéocide, à la persistance, voire au retour de l'antisémitisme, à la création de l'État d'Israël. D'où les contradictions et les paradoxes de la situation ainsi créée, d'où l'élargissement bien au-delà de la sphère confessionnelle des limites de « la reconnaissance implicite » par grignotages successifs. Outre les défis qu'elles adressent à la laïcité, ces évolutions invitent à remettre sur le métier la question de la définition du fait juif en France...
Jews have always felt rather confined within the concept of religion as defined by the political power and the law-maker, for whom Catholicism was the religious standard, at the time of the Separation when the question of recognition was raised. Since 1905, the consistory created by Napoleon has ceased to exist legally. However, the name has been maintained to designate the religious organization that replaced it, which until the Second World War was the only organization entitled, if not recognized, to guarantee the representation of the Jews. For, despite Separation, the State has always found it necessary to have interlocutors entitled to speak in the name of their co-religionists. Since then, history has shown that the Jews would not let themselves be confined within a religious or denominational definition, even less so since a large number have ceased to feel represented by the consistory and the French Jewish community has become more diversified because of immigration, the holocaust, the persistence and even the re-emergence of anti-semitism, and the creation of the State of Israel. Hence the contradictions and the paradox of the situation thus created ; hence also the extension beyond the confessional sphere of the limits of "implicit recognition" resulting from repeated claims and demands. In addition to the challenge they represent for secularism, these changes call for a new definition of the Jewish factor in France. En lo que concierne al reconocimiento, los judíos encuentran ya estrecho el concepto de religión tal como el poder político y el legislador, para quienes el catolicismo sirve de modelo-patrón de lo religioso, lo comprenden en la vísperas de la Separación.
Desde 1905, el Consistorio creado por Napoleón dejó de existir, en términos legales. Sin embargo, la apelación fue conservada para designar la asociación cultual que lo remplazó, la única instancia habilitada - hasta la Segunda Guerra mundial -, si no reconocida, para asegurar la representación de los judíos. Dado que, a pesar de la Separación, el Estado siempre consideró necesario poder disponer de interlocutores habilitados para expresarse en nombre de sus correligionarios. El curso ulterior de la historia demostró sin embargo que los judíos no podían dejarse encerrar en una definición cultual y confesional, máxime cuando un número creciente de ellos dejaba de reconocerse en la institución consistorial, y cuando el paisaje judío francés se había complejizado notoriamente, debido a la inmigración, al judeicidio, a la persistencia, cuando no al retorno del antisemitismo, a la creación del Estado de Israel. De allí provienen las contradicciones y las paradojas de la situación así creada, y la ampliación, más allá de la esfera confesional de los límites del "reconocimiento implícito" por avances sucesivos. Más allá de los desafíos que plantean a la laicidad, estas evoluciones invitan a poner una vez más en tela de juicio la definición del hecho de ser judío en Francia.
ISSN:1777-5825
Contains:Enthalten in: Archives de sciences sociales des religions
Persistent identifiers:DOI: 10.4000/assr.1117