Les Juifs, La Violence et le Sacré

Dans les autres cités des Francs, il y a tous lesans trois jours insignes, où les évêques, s'adressantau menu peuple, disent : « Les juifs vous ontvolé votre religion et, pourtant, les juifs viventchez vous, dans votre propre pays ». Aussitôt lesgens du peuple et le reste des habitants se ruent...

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Bibliographic Details
Main Author: Nirenberg, David 1964- (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
Check availability: HBZ Gateway
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Fernleihe:Fernleihe für die Fachinformationsdienste
Published: Cambridge University Press 1995
In: Annales
Year: 1995, Volume: 50, Issue: 1, Pages: 109-131
Further subjects:B Girard, René (1923-2015)
B Jews
B Violence
B Female saint
Online Access: Volltext (lizenzpflichtig)
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Description
Summary:Dans les autres cités des Francs, il y a tous lesans trois jours insignes, où les évêques, s'adressantau menu peuple, disent : « Les juifs vous ontvolé votre religion et, pourtant, les juifs viventchez vous, dans votre propre pays ». Aussitôt lesgens du peuple et le reste des habitants se ruent àla poursuite des juifs, et lorsqu'ils mettent la mainsur l'un d'eux, ils le tuent. Ensuite ils mettent àsac toutes les maisons où il peuvent pénétrer.Tel est le tableau que brosse le polémiste musulman Ahmad ibn Idris al- Qarâfï, mort en 1285, pour qui ce rituel annuel d'agressions contre les juifs illustre parfaitement le vice chrétien de l'intolérance. Ce phénomène, du temps même d'al-Qarâfî, n'avait rien de nouveau : on signale des agressions du même ordre à Toulouse en 1018, et à Béziers, en 1161, un accord visant à abroger la « coutume ». Cecil Roth les fait même remonter à l'Antiquité. Antiques, peut-être, mais en tout cas promises à un bel avenir. Sous une forme folklorique, en effet, le rituel pascal de « la mise à mort des juifs » se perpétue jusqu'à nos jours, dans diverses régions d'Europe. Ainsi, à Tortosa, à l'époque moderne, matâjudiets, la mise à mort des juifs, s'inscrivait dans la liturgie du Vendredi saint : les enfants ponctuaient l'office par des chahuts et le tintamarre de bâtons cognés contre le sol., SummaryHoly Week violence against Jews is seldom studied in detail, in part because it seems a transparent sign of popular hatred toward the Jews, evidence of the mounting intolerance of medieval Europe. This article studies the annual outbreaks of Holy Week violence in the fourteenth-century Crown of Aragon, and argues that thèse were ancient rituals which sought to experience the sacred through stylized forms of violence. These riots reenacted the conquest of Jerusalem by the Romans in 70 CE. and performed them as ritual sacrifice which, once a year, reemphasized the boundary between Christian and Jew. The article explores three broad implications of this argument for the history of intolerance. First, as calendrical rituals, thèse events suggest that an episodic model of religions intolerance should complement more traditional progressive ones. Second, because Holy Week riots represented notions of the divide between secular and clerical power and served to criticize structures of power within the Crown, they suggest a complex relationship between majoritarian hierarchies and violence against minorities.Finally, the same rituals that violently challenged the présence of Jews in Christian society reiterated the primary discourses legitimating that présence. Holy Week riots criticized the toleration of Jews, but they also made this toleration possible, a double rôle which warns against any easy équation of violence with intolérance.
Item Description:HN: 1
ISSN:1953-8146
Contains:Enthalten in: Annales
Persistent identifiers:DOI: 10.3406/ahess.1995.279353