Big data ou l'illusion d'une synthèse par agrégation. Une critique épistémologique, éthique et politique

Dans cet article, nous proposons une approche critique du phénomène big data par la déconstruction du principe méthodologique qui en structure la logique : le principe d'agrégation. Notre hypothèse se situe en amont des critiques qui font de l'usage des big data un nouveau mode de gouverne...

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Bibliographic Details
Published in:Journal international de bioéthique et d'éthique des sciences
Authors: Coutellec, Léo (Author) ; Weil-Dubuc, Paul-Loup (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
Check availability: HBZ Gateway
Journals Online & Print:
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Fernleihe:Fernleihe für die Fachinformationsdienste
Published: Éditions ESKA [2017]
In: Journal international de bioéthique et d'éthique des sciences
RelBib Classification:NBE Anthropology
NCJ Ethics of science
VA Philosophy
Further subjects:B philosophie des sciences
B Mass data
B impact social
B donnée nominative
B informatique médicale
Online Access: Presumably Free Access
Volltext (Resolving-System)
Volltext (doi)
Description
Summary:Dans cet article, nous proposons une approche critique du phénomène big data par la déconstruction du principe méthodologique qui en structure la logique : le principe d'agrégation. Notre hypothèse se situe en amont des critiques qui font de l'usage des big data un nouveau mode de gouvernement. L'agrégation, comme mode de traitement de l'hétérogénéité des données, structure la pensée big data, elle en est la logique même. Fragmenter pour mieux agréger, agréger pour mieux fragmenter, une dialectique qui repose sur une présomption d'agrégabilité généralisée et sur la prétention de faire de l'agrégation la voie privilégiée pour la production de nouvelles synthèses. Nous procédons en trois temps pour déconstruire cette idée et défaire la prétention de l'agrégation à s'imposer comme nouvelle voie pour produire des connaissances, comme nouvelle synthèse identitaire et enfin comme nouveau modèle de solidarité. Chaque fois nous montrerons que ces tentatives d'agrégation échouent à produire leurs objets : ni connaissance, ni identité, ni solidarité ne peuvent résulter d'un processus d'amalgame. Dans les trois cas, l'agrégation s'accompagne toujours d'un moment de fragmentation dont la dissociation, la dislocation et la séparation sont différentes figures. Le pari que nous faisons alors est de faire hésiter ce qui se présente comme une nouvelle façon de penser l'homme et le monde.
In this article, we propose a critical approach to the big data phenomenon by deconstructing the methodological principle that structures its logic : the principle of aggregation. Our hypothesis is upstream of the critics who make the use of big data a new mode of government. Aggregation, as a mode of processing the heterogeneity of data, structures the thinking big data, it is its very logic. Fragmentation in order to better aggregate, to aggregate to better fragment, a dialectic based on a presumption of generalized aggregability and on the claim to make aggregation the preferred route for the production of new syntheses. We proceed in three steps to deconstruct this idea and undo the claim of aggregation to assert itself as a new way to produce knowledge, as a new synthesis of identity and finally as a new model of solidarity. Each time we show that these attempts at aggregation fail to produce their objects : no knowledge, no identity, no solidarity can result from a process of amalgamation. In all three cases, aggregation is always accompanied by a moment of fragmentation whose dissociation, dislocation and separation are different figures. The bet we are making then is to make hesitate what presents itself as a new way of thinking man and the world.
ISSN:2608-1008
Contains:Enthalten in: Journal international de bioéthique et d'éthique des sciences
Persistent identifiers:DOI: 10.3917/jib.283.0063