L’ athéisme à la croisée des chemins Dévots et libertins: Pascal et Cyrano, Leibniz et Bayle

À travers l’exemple de deux couples comprenant chacun un esprit libertin et un apologiste – Cyrano et Pascal, Bayle et Leibniz –, on a voulu montrer que c’est le plus souvent à travers les contaminations réciproques des positions antagonistes que celles-ci s’exacerbent et que les limites de l’inacce...

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Published in:Littératures classiques
Main Author: Gros, Jean-Michel (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
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Published: Presses Universitaires du Midi, PUM [2017]
In: Littératures classiques
Online Access: Volltext (Verlag)
Description
Summary:À travers l’exemple de deux couples comprenant chacun un esprit libertin et un apologiste – Cyrano et Pascal, Bayle et Leibniz –, on a voulu montrer que c’est le plus souvent à travers les contaminations réciproques des positions antagonistes que celles-ci s’exacerbent et que les limites de l’inacceptable sont franchies de part et d’autre. Cyrano et Pascal, sans s’être lus, utilisent les mêmes thèmes : le divertissement, la cironalité universelle, l’immortalité de l’âme, et surtout le pari et le « Dieu caché ». Chacun tire évidemment ces thèmes vers des conclusions diamétralement opposées : le sarcasme libertin oblige Pascal à dramatiser le vieux topos apologétique du pari tout en cherchant à le rationaliser alors que la dérision libertine semble miner par avance cette tentative énergique de convertir l’athée dans un monde où un dieu « sot ou malicieux » joue à « cligne musette ». Leibniz, quant à lui, tente par un discours métaphysique – la Théodicée – de faire barrage aux terribles questions des grands articles sur le mal du Dictionnaire historique et critique de Bayle. Mais il ne comprend pas, quelle que soit la rigueur de son argumentation, que ces articles n’attendent aucune réponse : ils mettent seulement en scène l’inanité de toute tentative de mettre la raison au service d’un discours, celui de la théologie ou de la métaphysique apologétique, qui lui impose comme point de départ un dogme qu’elle ne peut interroger, ce qui va à l’encontre du principe même de tout usage de la rationalité philosophique.
Taking as examples two sets of “couples”, each of which has a libertine and apologetic component – Cyrano and Pascal, Bayle and Leibniz –, this article seeks to demonstrate that more often than not reciprocal contaminations of antagonistic positions are at the heart of the exacerbation of these ideas, and that the limits of what is deemed unacceptable are crossed by both sides. Cyrano and Pascal, without actually having read each other employ similar themes: amusement, universal cironalité, the immortality of the soul, and specially the gamble or the “hidden god”. Of course, both draw these conclusions in directions that are diametrically opposed: libertine sarcasm makes Pascal dramatize the old apologetic commonplace of the gamble whilst looking to rationalise it at the same time as libertine mockery seems to undermine this desperate attempt to convert the atheist in a world where a “foolish or malicious god” plays hide-and-seek. Leibniz, for his part, tries, by way a metaphysical discourse – la Théodicée – to counter the terrible questions put forward by the great articles on Evil in Bayle’s Dictionnaire historique et critique. But he does not understand, notwithstanding his rigorous argumentation, that these articles seek no reply; they simply draw attention to the inanity of any attempt to use reason as a tool for discourses such as those pertaining to theology or apologetic metaphysics, that impose at the very beginning on this same discourse a dogma that cannot be questioned, a notion that is completely opposed to the principle of the use of philosophical rationality.
ISSN:2260-8478
Contains:Enthalten in: Littératures classiques