Agir par les mots au Moyen Âge. Communication et action dans les débats sur le pouvoir des incantations

Les controverses médiévales sur le pouvoir des incantations offrent l'occasion d'une réflexion sur l'articulation, dans le discours, entre communication et action. De Guillaume d'Auvergne à Roger Bacon, Pietro d'Abano et Nicole Oresme, les auteurs du xiiie et du xive siècle...

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Main Author: Delaurenti, Béatrice (Author)
Format: Electronic Article
Language:French
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Published: Ed. de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales 2012
In: Archives de sciences sociales des religions
Year: 2012, Volume: 158, Pages: 53-71
Further subjects:B naturalismo
B Moyen Âge
B Intellectual History
B edad media
B Middle Ages
B histoire intellectuelle
B performativitad
B performativité
B Naturalisme
B Incantations
B Performativity
B Naturalism
B historia intelectual
B encantamientos
Online Access: Presumably Free Access
Volltext (lizenzpflichtig)
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Parallel Edition:Electronic
Description
Summary:Les controverses médiévales sur le pouvoir des incantations offrent l'occasion d'une réflexion sur l'articulation, dans le discours, entre communication et action. De Guillaume d'Auvergne à Roger Bacon, Pietro d'Abano et Nicole Oresme, les auteurs du xiiie et du xive siècle qui ont discuté du pouvoir de la parole se rejoignaient dans l'idée que le caractère performatif d'un discours ne dépend pas de la signification des mots. Leur refus d'intégrer la signification parmi les causes du pouvoir des mots apparaît comme une idée nouvelle, propre à la chrétienté latine et justifiée par la nécessité de distinguer la virtus verborum des incantations démoniaques. Au cœur de l'interaction discursive, l'âme du locuteur et celle de l'auditeur sont mises en avant. Se dessine ainsi une conception médiévale du performatif qui s'est déployée en marge des préoccupations du corps social, comme un moment particulier de l'histoire intellectuelle du Moyen Âge. Cette parenthèse naturaliste fait la spécificité du débat médiéval dans une histoire longue de la performativité.Les controverses médiévales sur le pouvoir des incantations offrent l'occasion d'une réflexion sur l'articulation, dans le discours, entre communication et action. De Guillaume d'Auvergne à Roger Bacon, Pietro d'Abano et Nicole Oresme, les auteurs du xiiie et du xive siècle qui ont discuté du pouvoir de la parole se rejoignaient dans l'idée que le caractère performatif d'un discours ne dépend pas de la signification des mots. Leur refus d'intégrer la signification parmi les causes du pouvoir des mots apparaît comme une idée nouvelle, propre à la chrétienté latine et justifiée par la nécessité de distinguer la virtus verborum des incantations démoniaques. Au cœur de l'interaction discursive, l'âme du locuteur et celle de l'auditeur sont mises en avant. Se dessine ainsi une conception médiévale du performatif qui s'est déployée en marge des préoccupations du corps social, comme un moment particulier de l'histoire intellectuelle du Moyen Âge. Cette parenthèse naturaliste fait la spécificité du débat médiéval dans une histoire longue de la performativité.
Medieval controversies over the power of incantation offer an opportunity to examine the relationship between communication and action in the spoken word. William of Auvergne, Roger Bacon, Pietro d'Abano and Nicole Oresme, the 13th and 14th Century authors who discussed the power of words concurred on the idea that the performative nature of speech is not tied to word meaning. This point of view, which refuses to consider meaning as one of the causes of powerful speech, is introduced by Medieval Christendom and justified by the need to distinguish virtus verborum from demonic incantations. At the heart of a verbal interaction, the souls of both of the speaker and the listener determine the power of the words. This Medieval conception of performativity was developed on the fringes of society, as a unique moment in performative intellectual history.
Las controversias medievales sobre el poder de los encantamientos deparan la ocasión de una reflexión sobre la articulación, en el discurso, entre comunicación y acción. Guillaume d'Auvergne, Roger Bacon, Pietro d'Abano y Nicole Oresme, los autores que discutieron, en los siglos xiii y xiv, la eficacia de las palabras se reunían en la idea que la acción de las palabras no es un problemo de comunicación. Esta posición, que se niega a integrar el significado entre las causas del poder de las palabras, aparece como una idea nueva, limpia de la cristiandad latina y justificada por la necesidad de distinguir el virtus verborum de los encantamientos demoníacos. En medio de la interacción discursiva, el alma del emisor y la del auditor justificant el poder de las palabras. Se dibuja así un concepción medieval del performativo que se desplegó al margen de las preocupaciones del cuerpo social, como un momento particular de historia intelectual de la Edad Media.
ISSN:1777-5825
Contains:Enthalten in: Archives de sciences sociales des religions
Persistent identifiers:DOI: 10.4000/assr.23772